Même si personne n’ignore les messages de santé publique sur les bienfaits de l’activité physique régulière, que sait-on vraiment en 2023 de son rôle vis-à-vis de l’os ?
Les sports, plus ou moins ostéogéniques
Certains sports sont plus bénéfiques pour l’os que d’autres.
L’haltérophilie (3 à 7 fois le poids du corps), les sports de saut (2 à 8 fois le poids du corps), la course à pied (1,5 à 3 fois le poids du corps) et la marche (1 fois le poids du corps) sont des sports qui favorisent le remodelage osseux en stimulant les ostéoblastes du fait des impacts (forces de réaction au sol).
En revanche, les sports moins ostéogéniques, car « non portés » comme le vélo et la natation sont nettement moins bénéfiques. Jusqu’ici, rien de bien nouveau. À ceci près que les dernières données scientifiques sont moins tranchées et qu’une augmentation de la masse osseuse pourrait aussi survenir chez les nageurs, au niveau des membres supérieurs.
Les sports asymétriques comme le tennis sont particulièrement intéressants pour les chercheurs, chaque sujet possédant son « bras contrôle ». D’ailleurs, des différences latérales moyennes de densité osseuse ont été observées dans la zone corticale de l’humérus.
L’ostéoporose est une maladie pédiatrique
L’activité physique autour de l’adolescence permet de limiter les risques osseux plus tard dans la vie. Cette affirmation prend tout son sens à la lumière des études biomécaniques. « Celles-ci vont toutes dans le même sens, assure la Dr Vico : l’exercice physique intense en période péripubertaire apporte des bénéfices durables vis-à-vis des paramètres géométriques de l’os. Un capital osseux incrémenté de 10 % à ces âges retarderait le début de l’ostéoporose de 13 ans..
Il est désormais admis qu’il existe une fenêtre d’opportunité pour augmenter le pic de masse osseuse en période de pré-puberté et en début de puberté. Cependant, on se rend compte que plus que la DMO, ce qui compte est la taille des os.
Néanmoins, les études disponibles portent encore en majorité sur la DMO. Par exemple, une méta-analyse de 22 études englobant tous les stades de Tanner et rapportant les activités physiques (danse, jeux, exercices en résistance, sauts) [4] pratiquées par des enfants et adolescents a mis en évidence une augmentation de la DMO chez ces "actifs" par comparaison aux sujets contrôles, entre 0,9 % et 4,9 % avant la puberté, entre 1,1 % et 5,5 % en pré-puberté et entre 0,3 % et 1,9 % pendant la mi- ou fin de puberté.
Une étude plus ancienne sur des joueuses de tennis avait constaté un gain de DMO au niveau du bras dominant, de 17 à 24 % si l’activité avait débuté avant la puberté et de 8 à 14 % si celle-ci avait commencé après la puberté [5].
Les gains osseux acquis par le sportif se maintiennent
Autre preuve des bénéfices de l’activité physique sur l’os : la pratique du sport sur le long terme permet de garder une DMO plus élevée par la suite.
Parmi d’autres, une étude rétrospective a observé les effets à long terme de l’exercice sur la DMO et la composition corporelle chez 24 ex-athlètes d’élite post-ménopausées (54-73 ans) ayant pratiqué plus de 20 ans (course, natation), appariées avec des témoins sédentaires (n = 24).
Les niveaux d’activité entre les sportives et les témoins étaient similaires au moment de cette étude.
Résultat : la DMO et le contenu en minéraux de l’os (CMO) ne différaient pas entre les sportives mais restaient plus élevés que chez les témoins.
L’activité physique dans la durée aurait donc un effet bénéfique sur la masse osseuse et aiderait à prévenir la perte osseuse due au vieillissement.
Un intérêt récent et croissant pour la microarchitecture osseuse
Il est désormais clair que les microarchitectures trabéculaire et corticale osseuses sont renforcées par les contraintes mécaniques induites par l’exercice physique, mais de façon différente.
« D’après les résultats d’une étude très récente qui confortent de précédentes découvertes, ces deux composantes de l’os [trabéculaire et corticale] ne se comportent pas de la même manière », souligne la Dr Vico.
« On s’aperçoit que, peu importe la nature du sport (cricket, course, natation, hockey), le gain trabéculaire est identique, ce qui n’est pas le cas au niveau cortical. Dans cette publication, l’hypertrophie corticale de la diaphyse tibiale est associée à la charge d’impact tandis que la DMO trabéculaire est positivement associée à la charge avec impact et sans impact. Cela signifie qu’en fonction du compartiment osseux, les adaptations sont différentes […] Pour l’os cortical, il faut des impacts discontinus plutôt que continus, ayant des directions inhabituelles et avec une force suffisante afin de créer un stimulus. Alors que dans l’os trabéculaire, on ne sait pas encore quel type de signal peut atteindre et stimuler les cellules osseuses, ostéoblastiques en particulier », précise-t-elle.
Du fait d’une épaisseur corticale différente, ceux qui poursuivent le sport en tirent un bénéfice du point de vue des propriétés biomécaniques.
En ce qui concerne l’adaptation osseuse chez les sportifs qui arrêtent ou qui continuent le sport, une étude sur des lanceurs de baseball [8] a trouvé que ceux qui ont poursuivi la pratique présentaient, au niveau de l’humérus, une épaisseur corticale ainsi qu’un moment d’inertie (le reflet des paramètres biomécaniques de l’os) supérieurs.
En revanche, pour tout ce qui est trabéculaire et même le contenu minéral osseux, il n’y avait aucune différence notable.
" Du fait d’une épaisseur corticale différente, ceux qui poursuivent le sport en tirent un bénéfice du point de vue des propriétés biomécaniques, explique la chercheuse. Or, plus celles-ci auront été développées, plus l’os résistera à la fracture. La DMO, que l’on a toujours mise en avant, s’avère donc insuffisante pour apprécier l’adaptation de l’os aux stimuli mécaniques."
Comment le sport préserve la santé osseuse - Medscape - 8 févr 2023.
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