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  • Photo du rédacteurCabinet St Pierre

Des « impulsions » d’électrodes pourraient-elles réduire les douleurs du dos et des jambes?



Une petite étude pilote suggère qu’une nouvelle approche en matière de stimulation de la moelle épinière pourrait réduire considérablement les douleurs dorsales chroniques.

Cette étude, menée auprès de 20 patients souffrant de douleurs lombaires persistantes, a évalué les effets de l’implantation d’électrodes près de la moelle épinière afin de stimuler celle-ci à l’aide d’impulsions électriques à fréquence « ultra-faible ».


Après deux semaines, les chercheurs ont découvert que 90 % des patients ont rapporté une réduction d’au moins 80 % de l’évaluation de la douleur.

Pour les experts, une telle amélioration est saisissante. Cependant, ils incitent à la prudence concernant le fait que l’étude était de trop petite envergure et à trop court terme pour en tirer des conclusions.

« Cette amélioration est presque trop belle pour être vraie », a déclaré le Dr Houman Danesh, qui est à la tête du département de prise en charge intégrative de la douleur à l’hôpital Mount Sinai à New York.


Le Dr Danesh, qui n’était pas impliqué dans l’étude, estime que les résultats pouvaient être biaisés en raison de la petite taille du groupe de patients. Cela dit, il admet également qu’il est possible que les chercheurs « aient fait une découverte importante ». Selon lui, seules des études à plus long terme et de plus grande envergure peuvent répondre à cette question.


On ne peut pas dire que le rôle de la stimulation électrique pour soulager les douleurs dorsales n’ait pas été prouvé : des spécialistes de la prise en charge de la douleur, dont le Dr Danesh, proposent déjà cette approche à certains patients.

Elle peut être réalisée de manière non invasive, par le biais d’une neurostimulation électrique transcutanée (Transcutaneous Electrical Nerve Stimulation, TENS), qui consiste à placer des électrodes sur la peau, au niveau des zones douloureuses, afin de délivrer des impulsions électriques aux nerfs sous-jacents.

La stimulation de la moelle épinière est une autre possibilité. Elle consiste à implanter des électrodes près de la moelle épinière, ainsi qu’un générateur d’impulsions qui est placé sous la peau des fesses ou de l’abdomen. Les patients peuvent ensuite utiliser une télécommande pour envoyer des impulsions électriques à la moelle épinière lorsque la douleur est présente.

La théorie est que la stimulation permet d’interrompre la transmission des signaux de la douleur entre la moelle épinière et le cerveau.


À l’heure actuelle, la stimulation de la moelle épinière est réservée à certains cas de douleurs dorsales difficiles à prendre en charge, par exemple lorsque la personne continue à ressentir des douleurs même après une intervention chirurgicale au niveau du dos, explique le Dr Danesh.

Cependant, l’efficacité de cette approche varie d’une personne à l’autre, et les chercheurs essayent de trouver des moyens de l’affiner.

Dans le cadre de cette nouvelle étude, une équipe américano-britannique a évalué ce qu’elle appelle une stimulation de la moelle épinière à ultra-faible fréquence.


Les chercheurs ont commencé par réaliser des expériences en laboratoire chez des rats, qui leur ont permis de conclure que les impulsions électriques bloquaient la transmission de la majorité des signaux de la douleur le long de la moelle épinière, d’une manière qui semble différente des techniques actuelles de stimulation de la moelle épinière.

Ils sont ensuite passés à 20 patients souffrant de lombalgie chronique, dont beaucoup présentaient également une douleur qui descendait jusque dans la jambe (communément appelée sciatique). Les chercheurs ont implanté des électrodes chez les 20 patients ; 2 patients ont quitté l’étude en raison d’une infection au niveau du site chirurgical.

Sur les 18 patients ayant terminé l’étude de 2 semaines, une amélioration moyenne de 90 % de l’évaluation de la douleur a été observée. Presque tous les patients ont présenté une amélioration d’au moins 80 %.

Lorsque les électrodes ont été retirées, les douleurs dorsales sont revenues de manière très intense, d’après les résultats publiés le 25 août dans la revue Science Translational Medicine.

« L’amélioration de la douleur est spectaculaire, c’est l’une des caractéristiques les plus impressionnantes de ce traitement », a déclaré le chercheur principal Stephen McMahon, qui est à la tête du Consortium de la douleur de Londres (London Pain Consortium) à l’Université King’s College de Londres, au Royaume-Uni.

« Les autres traitements contre la douleur qui obtiennent des résultats permettent généralement une amélioration clinique de 30 % à 50 % », a-t-il ajouté.

Cela dit, Stephen McMahon invite à la prudence étant donnée la taille et la durée de l’étude. Pour lui, d’autres études cliniques seront nécessaires pour définir l’efficacité du traitement et sa durée.


L’un des points forts de cette étude précoce est qu’elle « démontre directement une inhibition puissante des signaux liés à la douleur », a indiqué Stephen McMahon.

Il a ajouté qu’après avoir identifié « un mécanisme aussi puissant », il pourrait être possible d’utiliser cette technique pour un éventail d’autres troubles que les douleurs dorsales.

L’étude a été financée par Presidio Medical, Inc., une entreprise basée à South San Francisco qui développe cette technologie.

Le Dr Danesh a déclaré : « Je pense qu’on assiste à une tendance qui se poursuit au niveau des avancées technologiques dans le cadre de l’utilisation de la stimulation de la moelle épinière. »


Cependant, il a souligné que quels que soient les traitements que les personnes utilisent pour les douleurs lombaires, certains principes fondamentaux sans technologie demeurent essentiels, à savoir traiter les mauvaises habitudes de posture et les déséquilibres musculaires.

Le fait de rester assis toute la journée et l’affaiblissement des muscles glutéaux (fessiers) qui en résulte sont des facteurs importants selon le Dr Danesh.

Il est donc indispensable de renforcer ces muscles et de rester généralement actif.

« Vous devez être mobile, quand vous avez mal et quand vous n’avez pas mal », insiste le Dr Danesh. « Le mouvement, c’est un médicament. »


Informations supplémentaires

L’Université Johns Hopkins dispose d’informations supplémentaires sur les traitements non chirurgicaux des douleurs lombaires.


SOURCES : Stephen McMahon, PhD, FMedSci, professeur de physiologie, et directeur du London Pain Consortium, King’s College London, Royaume-Uni ; Houman Danesh, MD, maître de conférences en anesthésiologie, médecine périopératoire et médecine de la douleur, Faculté de médecine Icahn de l’hôpital Mount Sinai, et directeur du département de prise en charge intégrative de la douleur, Hôpital Mount Sinai, New York City ; Science Translational Medicine, 25 août 2021.

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